Zone de sécurité non prioritaire ?
Dimanche 13 septembre, une fusillade a éclaté à 6H00 du matin, suite à un différend survenu un peu plus tôt dans la nuit devant un bar du centre de Marseille, en face de l’Opéra. Un homme est mort et cinq autres ont été blessés.
Selon l’AFP, ce n’est pas un cas isolé dans ce quartier situé à deux pas du Vieux-Port : deux ans auparavant, trois hommes avaient été blessés par des tirs de kalachnikov. A l’époque, l’enquête avait également révélé que tout était parti d’un différend entre deux groupes.
Quartier de l’Opéra, un quartier à risque
Le quartier de l’Opéra, c’est un quartier de nuit, situé à l’hyper centre de Marseille. Il y a beaucoup de monde qui fréquente les commerces et les boites de nuit, donc c’est un quartier à risque.
Guy Nicolaï, adjoint délégué à la sécurité de la mairie du 1er arrondissement de Marseille
Depuis cette dernière fusillade, « un sentiment d’insécurité, de tristesse et de peur s’est installé parmi les commerçants », témoigne Guy Nicolaï, adjoint délégué à la sécurité. « On essaie de les tranquilliser avec les mesures prises pour sécuriser le secteur. Le nombre de policiers n’a cependant pas été augmenté. Il y a beaucoup de patrouilles à pied, des brigades VTT, mais finalement comme ailleurs. »
Même son de cloche pour le président du Comité inter-quartier (CIQ) des habitants de l’Opéra, François Borgia : « Le quartier de l’Opéra, c’est le jour et la nuit. La journée, l’Opéra vit tranquillement autour de ses restaurants et brasseries. Avec les boites de nuit, ce sont souvent des bandes d’autres quartiers qui viennent faire la fête », explique-t-il. Entre les débordements dû à l’alcool et les cas plus extrême, comme la fusillade du 13 septembre, le CIQ Bourse/Opéra a demandé l’augmentation des patrouilles de nuit.
La division Centre: un secteur restreint
Selon François Borgia, le besoin en sécurité a été comblé. Les habitants du quartier de l’opéra devraient être rassurés. Et pourtant ils évitent de sortir la nuit. En effet, l’Opéra est un quartier de fête. Mais malgré les risques de violence que peut causer un quartier où la nuit vit, l’hypercentre de Marseille n’est pas une zone prioritaire de sécurité.
En règle générale, la répartition des effectifs de police se fait en fonction du nombre d’habitants, de la taille du secteur et des besoins, selon la DDSP des Bouches-du-Rhône. Marseille est répartie en trois divisions : division Nord, Centre et Sud et selon la configuration des secteurs, la présence policière n’est pas la même.
La division Centre, dont fait parti le quartier de l’Opéra, ne concentre que quatre arrondissements: le 1er, le 2e, le 6e et le 7e. En comparaison, les divisions nord et sud regroupe 12 autres arrondissements dont 10 sont considérées comme des zones de sécurité prioritaire (ZSP).
La répartition des policiers se base sur des études sur la criminalité à moyen-long terme. « Une fusillade c’est un cas anecdotique par rapport au problème global de la délinquance. Elle ne symbolise pas forcément une hausse de la délinquance », explique Arnaud Louis, porte-parole de la DDSP des Bouches du Rhône.
Ces cas là ne change néanmoins pas l’affectation première des policiers à certains secteurs. Les ressources en personnel sont, certes, utilisées en fonction de l’évolution de la délinquance mais afin de ne pas déstabiliser l’organisation quotidienne de la sécurité, il y a des effectifs qui sont fixes dans certains secteurs de Marseille.
Etat d’urgence et centre-ville
Le 19 novembre, les députés ont voté la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois. Dans ce cadre exceptionnel, le préfet de Police des Bouches du Rhône, Laurent Nunez, a annoncé davantage de patrouilles dans le centre ville. Mais pour M. Nunez, la priorité en matière de sécurité se situe vers les cités et quartiers sensibles de Marseille.
Il ne faut pas délaisser le centre ville car c’est un point important. Néanmoins, on constate une baisse des faits criminels dans ce secteur.”
Laurent Nunez, préfet de Police des Bouches-du-Rhône